dimanche 6 novembre 2016

Nouveau Message - Hiver (part 9)

Quelques bruits étouffés m'obligent à entrouvrir les yeux.
La nuit est encore épaisse et l'obscurité est totale ; je ne distingue pas les contours de ma chambre.
Mon premier réflexe est de caresser ma gorge et je ne retiens pas un sourire béat lorsque mes doigts effleurent le lien de cuir.
Je tends la main sur le côté et je ne trouve que les draps. Froids.
Je commence à me redresser sur le coude pour chercher Sa présence.
- « Dors. »
Il est tout près. Il chuchote et je me concentre pour capter Ses mots à travers les brumes du sommeil.
- « Je ne peux pas rester pour la nuit. Je viendrai te chercher demain soir. »
J'ouvre la bouche mais Il enchaîne.
- « Pense à surveiller ton téléphone, je ne resterai pas silencieux toute la journée. »
Quelques lames de parquet grincent sous Ses pieds.
- « Je dois t'enlever ton collier pour le moment. »
Je n'aime pas du tout l'idée mais je ne dis rien pendant qu'Il le reprend et l'enfouit dans Sa poche.
Il pose Ses lèvres sur mon front et le matelas s'enfonce sous Son poids. - « Maintenant, tu dors. Je partirai ensuite. »
J'essaye de lutter contre Morphée pour Le garder le plus longtemps possible.
En vain...

Je pousse la porte de mon bureau et trouve Alex dans mon fauteuil, un croissant dans la bouche et des tonnes de miettes autour de lui.
- « Tu veux que j'alerte les délégués du personnel pour qu'on te trouve un bureau à toi ? »
- « Toujours aussi charmante ! »
Il avise mes mains vides avant de compléter :
- « Et toujours pas de café ! »
Merde !
Il se penche et ramasse un sac en papier à côté de lui en soupirant.
- « Heureusement que je suis là ! »

Je lui jette un regard noir en m'asseyant en face, ma tasse à la main.
Je compte mentalement les secondes avant qu'il ne mette le sujet sur le tapis.
- « Alors, ces retrouvailles ? »
La vache, je ne suis même pas à trois !
Je me lance et déballe tout. La rencontre devant le boulot, les mails, le weekend.
Ce collier...
Il absorbe ce que je raconte sans commenter, hoche un peu la tête en m'écoutant.
Quand j'ai fini, je retiens mon souffle en attendant ses premières réactions.
- "Merde! On dirait que tu me parles d'un autre type!"
Il est aussi surpris que moi. Mais il cherche maintenant une "explication logique".
Il me questionne:
- "Tu crois qu'il boit?"
- "Non, ça n'a rien d'un discours d'ivrogne."
- "Qu'il se drogue alors?"
- "Ne dis pas n'importe quoi, c'est vexant!"
- "Ou bien une tumeur au cerveau? J'ai vu un reportage sur un type qui devenait complètement différent à cause d'un truc comme ça."

Je ne relève même pas, attrape un dossier et commence à bosser.
- "Ou bien t'es la nana la plus vernie de la planète... 
Tsss, c'est pas à moi que ça arriverait!"."

Ravi de sa conclusion, il m'adresse un sourire d'enfer et sort.
Il s'arrête avant de refermer la porte en me faisant un geste vulgaire doublé d'un baiser.
- "Salope!"


mardi 6 septembre 2016

Nouveau Message - Hiver (part 8)

La morsure est soudaine. J'ai l'impression qu'il plante une aiguille dans mon sein droit.
Je retiens ma respiration, saisie par la surprise.
Ca ne dure qu'une fraction de seconde et déjà le piquant de la brûlure se diffuse en douce chaleur.
Et puis la cire coule à nouveau sur ma poitrine.
Il attend entre chaque goutte que la précédente se soit solidifiée, j'ai le sentiment que cette divine torture peut durer des heures.
Mon souffle s'accélère légèrement, la tête me tourne de cette alternance de plaisir et de douleur.
J'essaye de rester immobile mais mon ventre se tord sous l'excitation.
Je ne peux même pas réprimer les gémissements qui m'échappent.

La cire coule maintenant sur mon sein gauche.
Je perds la notion du temps, je ne suis plus qu'une toute petite parcelle de ma propre peau, celle sur laquelle pleurera la bougie dans quelques secondes.
J'ai l'impression de frôler l'orgasme alors qu'il ne m'a pas touchée une seule fois.
Je décolle franchement, je flotte, je suis enveloppée dans du coton.
Je ne vois pas, je n'entends pas. Je sens. Je suis.

Sa voix me ramène doucement à la réalité.
- « Tu es magnifique. »
Je ne peux m'empêcher de secouer la tête.
- « Tu es magnifique. Ce n'était pas une question. »
Pendant que je reprends peu à peu mes esprits, il se rassoit dans le fauteuil face à moi et effleure mon menton.
Il passe ses doigts derrière ma tête pour incliner mon dos jusqu'à ce que mon front touche le sol et me fait poser les mains à plat sur le parquet.

- « Il est une chose de t'imaginer, soumise, à mes pieds. Il en est une tout autre de le vivre. »
Sa voix est calme, je sens mon cœur cogner fort dans ma poitrine.
- « Mes espérances ont été largement comblées et j'aime à croire que tout cela n'est que le début d'un truc plus grand, plus fou, plus fort. Le crois-tu aussi ? »
- « Oui Monsieur. »
Ma réponse est sortie dans un souffle et ma respiration se fait saccadée quand je l'entends bouger.
Quelques bruits d'étoffe froissée, un petit claquement sec.
Et c'est là que je sens un contact tiède contre mon cou.
Il resserre doucement la lanière de cuir sur ma nuque et ferme la boucle.
- "Redresse-toi."

J'obéis et j'entends un léger déclic. Mon bandeau est retiré.
- « Je suis heureux de devenir ton Maître, Roxane. »

J'ouvre la bouche pour approuver mais j'ai la gorge complètement nouée par l'émotion.
Les larmes inondent mes yeux, je suis incapable de parler, de bouger.
Il glisse au sol à mes côté. Les bras ouverts, invitation muette. Je m'y réfugie, apaisée.
Je puise dans mes dernières forces pour murmurer :
- « Merci Maître. »

mercredi 31 août 2016

Nouveau Message - Hiver (part 7)

Je savoure un instant cette journée à me promener les doigts accrochés aux siens, à buller la tête sur ses genoux dans un parc.
Je me délecte de le savoir en train de barboter dans ma baignoire ; l'un et l'autre incapables de mettre fin à ce weekend.
Je salive déjà de le voir évoluer dans mon décor, de découvrir ce que me réserve cette soirée...
Je me dépêche de préparer un plateau avec les sushis et lui sers un verre de vin avant de déposer le tout sur la table basse et de le rejoindre.
Que j'aime déjà ces rituels entre nous !
La satisfaction qui m'envahit simplement en lui séchant les pieds.
La sérénité qui me gagne à peine agenouillée près de lui.
L'évidence qui s'impose quand je tends son verre comme il me l'a appris.
De temps en temps, il pose ses baguettes, et pose un sushi sur le plat de sa main avant de me le coller devant le visage.
Manger de la sorte, dans sa paume, me file des putains de papillons dans tout le corps.

- « Ne bouge pas. »
Je reste immobile et l'entends débarrasser. Il ouvre plusieurs placards, il doit chercher quelque chose dans mon bordel. J'admire son courage !
Il revient enfin vers moi et je sens un morceau de tissu se poser sur mes yeux.
J'entends quelques grésillements que je ne cherche même pas à identifier.
J'attends juste qu'il parle. Ou qu'il me touche. Ou les deux, je ne suis pas difficile.


Il s'écoule plusieurs minutes (enfin, je crois...) avant que je ne le sente reprendre place dans le fauteuil face à moi.
Sa main effleure ma joue, descend et s'attarde sur mon cou.
Il redessine la courbe de mes seins du doigt.
Et puis, d'un coup, il en pince le bout. Fort.
J'ouvre la bouche pour me plaindre et suis presque surprise du gémissement de plaisir qui s'échappe de mes lèvres.
Il maintient la pression quelques secondes et je l'entends soupirer d'aise au moindre de mes tressautements.
Il recommence plusieurs fois et ce petit manège a pour effet immédiat de déclencher une envie dingue dans le bas de mon ventre.
A chaque shoot de douleur, mes hanches ondulent ; je sens mes lèvres glisser l'une contre l'autre.
Il a dû le remarquer aussi parce qu'il plonge deux doigts en moi pour vérifier.
- « Je me demande si ça t'arrive de ne pas être trempée... »
- « C'est parce que vous m'excitez, Monsieur. »
- « Ou alors, c'est juste parce que tu es une petite chienne. »
- « Et c'est parce que je suis une petite chienne que vous m'excitez autant, Monsieur. »
Son silence m'indique qu'il savoure ma réponse. J'imagine son sourire ravi et ça me comble.

- « Ne bouge pas. »
J'essaye de me figer alors que je crève d'envie de remuer mes fesses sous son nez pour qu'il me prenne enfin …

samedi 27 août 2016

Nouveau Message - Hiver (part 6)

Quand j'ouvre un œil, je ne peux m'empêcher de compter combien il me reste de temps avec lui.
Un regard à la pendule du salon m'informe qu'il est déjà presque midi.
Je me redresse dans le fauteuil, pensant le trouver endormi dans le canapé mais personne.
Je tends l'oreille et j'entends remuer de l'autre côté du mur.

Sans même y réfléchir, je me pose à genoux, près de son fauteuil.
Pendant qu'il se dirige dans la cuisine, je m'applique à reprendre la position qu'il m'a demandé hier.
Il revient avec une tasse et une cafetière qu'il dépose sur la table et s'assoit en me détaillant.
- « Très bien. »
La bouffée de fierté qui m'envahit est indescriptible. J'en ronronnerais de plaisir...
Je sers le café et lui présente sa tasse en tendant les bras devant moi.
- « Parfait. »
Il me sourit, je lui souris et je me dis qu'on doit avoir l'air relativement niais.
Mais j'aime bien.

Tout semble si simple, si évident.
Nous avons passé une bonne partie de la nuit à parler, à poser les bases de notre couple, de notre Lien.
Je crois que même lui était surpris de voir à quel point nos envies et nos besoins se rejoignaient sur de nombreux points.
Maintenant, je savoure le bonheur de m'en remettre à lui et de me sentir lui appartenir un peu plus chaque instant...

Sa voix me reconnecte au présent sans que je ne saisisse ce qu'il dit.
En le voyant disparaître dans la salle de bains, je comprends qu'il va se doucher et me lève pour le suivre.
Il ouvre déjà l'eau alors que j'installe le tapis sur le sol.
Je m'approche du placard sous le lavabo et y déniche une grande serviette.
Il sort, ruisselant et je l'attends à genoux.
Je me redresse et entreprends de le sécher.
J'exulte, c'est encore mieux que Noël !
Je réapprends chaque parcelle de sa peau.
Je termine par ses pieds, reprenant ma position.
A peine ai-je posé la serviette que sa main saisit mes cheveux et relève ma tête pour croiser mes yeux.
Mes yeux qui eux sont absolument captivés par sa queue dressée au dessus de moi.
« Oh... Je peux ? »
Ma voix est presque suppliante.
Pour toute réponse, il resserre la prise de sa main et s'approche encore de mon visage.

Ma bouche s'arrondit et se pose sur son gland avant de le recouvrir entièrement.
Je marque une pause, m'attarde sur chaque centimètre carré de sa peau, redécouvre son goût comme pour la première fois.
Mes lèvres entament ensuite une longue descente jusqu'à ce que mon visage vienne buter contre lui.
Je devine son regard satisfait sur mon corps parfaitement immobile, bras croisés dans le dos.
Je m'enivre de son odeur musquée, de sa chaleur contre ma peau.
Et puis son bassin commence à bouger lentement. Il va et vient dans ma bouche.
Mes joues se creusent pour le caresser, ma langue s'enroule autour de lui, mes lèvres l'enserrent en le sentant palpiter. Il respire de plus en plus fort, certains de ses soupirs ressemblent à des gémissements...
Il s'immobilise un instant au fond de ma gorge et se déverse en moi.
Il reste sans bouger jusqu'à ce que ma langue l'ait complètement nettoyé.
Il se retire finalement pour se pencher et poser ses lèvres sur mon front.

- « Habille-toi, on sort. »

mardi 23 août 2016

Nouveau Message - Hiver (part 5)

J'essaye d'analyser la situation.
Je suis à genoux, dans la même position d'offrande qu'il m'a faite prendre dans le salon.
A peine la porte refermée, il m'a bandé les yeux et installée au centre de la pièce.
J'essaye de compter depuis combien de temps.
Je tressaille quand je crois entendre un bruit, je me tends pour tenter de percevoir un geste, un souffle.
Il est sorti plusieurs fois de la pièce, je ne sais même plus de quel côté de la porte il se trouve.

Je commence à avoir mal aux genoux et je me demande même s'il se souvient que je suis là.
Avant même que je ne songe à me manifester, il est contre mon oreille :
- «  Pour ce soir, dire stop suffira, d'accord ? »
J'acquiesce en silence et je sens sa main appuyer doucement mais fermement sur mon dos pour que je pose la tête au sol.

Il promène sa main sur mes épaules, mon dos, mes fesses.
Ses effleurements me donnent des frissons, j'ai l'impression que je vais jouir de ce simple contact quand il arrête subitement.

Le premier coup tombe en plein milieu de ma fesse, le picotement est léger.
Je ne dis rien, je ne tressaille même pas.
Je suis surprise. Pas surprise du coup, surprise de sentir mon ventre se contracter de bonheur à la sensation nouvelle.
Les suivants pleuvent, réguliers.
Jamais au même endroit, entrecoupés de simples caresses légères.
Je ne peux retenir les râles que ce moment me provoque.
Je sens la peau de mes fesses, le haut de mes cuisses, s'échauffer au fil des coups.
Le picotement devient brûlure, la morsure de sa main se fait presque acide.
A l'impact suivant, mon corps se cambre et je gémis un peu plus fort.
Il suspend son geste.
- “Tout va bien?”
Sa voix se veut posée mais j'entends l'intonation du désir.
J'imagine son regard excité sur ma peau rougie, j'entends son soupir de satisfaction à chacun de mes gémissements.
- "Oui."
Le coup est immédiat. Plus fort, plus sec que les autres.
- “Oui qui?”
- “Oui Monsieur.”

Il glisse sa main entre mes cuisses, s'assure avec deux doigts de mon état. Je me sens couler le long de ses phalanges qu'il remue en moi.
Les coups reprennent mais, alors que les larmes commencent à perler derrière mon bandeau, la douleur reflue, se fond dans mon corps.
J'ai l'impression que les derniers coups ne me touchent même pas, je suis en train de me dissoudre dans mon propre plaisir.

Le cliquetis de sa ceinture me parvient comme dans un rêve.
Alors que j'ai déjà l'impression de flotter parmi les étoiles, il me propulse encore plus haut quand il entre en moi.
Ses mouvements sont brusques, Il va et vient violemment en moi, les doigts ancrés à mes hanches.
Quelque chose de sourd gronde au fond de mon ventre.
L'orgasme qui me foudroie est incomparable à tout ce que j'ai pu connaître jusqu'à aujourd'hui.
Il continue, implaccable, de percuter mon corps de poupée en chiffon pendant quelques minutes avant de s'effondrer contre mon dos.
Je suis incapable de bouger, de parler.
Je sens son coeur battre contre ma peau.
Il me soulève contre son torse et me porte jusqu'à la salle de bains.

La vapeur qui a envahit la pièce m'indique qu'il a déjà rempli la baignoire.
Il me dépose dans la mousse parfumée, coupe l'eau et se glisse derrière moi.
Malgré l'eau brûlante, je sens sa peau chaude se presser à la mienne.
Je murmure juste un "Merci" et il resserre son étreinte.
Il m'entoure de ses bras et on reste une éternité, immobiles.

mardi 16 août 2016

Nouveau Message - Hiver (part 4)

Je regarde l'heure. J'ai cinq minutes d'avance, chose qui relève du vrai miracle pour moi.
J'en profite pour respirer calmement en feignant d'ignorer mon cœur qui résonne jusqu'à mes orteils.
Ma journée a été horriblement longue et longuement horrible.
Pas une seule seconde, l'envie de me soulager ne m'a quittée.
J'ai passé l'intégralité de mon samedi à regarder les aiguilles avancer sur le cadran de l'horloge, la main sur le téléphone à attendre ses messages.

Je vérifie pour la millième fois l'adresse qu'il m'a envoyée par texto et je lève les yeux pour scruter l'immeuble qui se dresse devant moi.
Je tape le code qu'il m'a transmis et monte l'escalier en colimaçon.
Au moment précis où mon doigt se tend vers la sonnette, le clocher du quartier sonne huit heures et la porte s'ouvre avant que je ne m'annonce.

Quand il referme derrière moi, je sens mon ventre se contracter, ma gorge se nouer.
Je n'ai aucune idée de ce qui m'attends ici et pourtant, je n'ai jamais été si impatiente de ma vie.

Il s'éloigne et traverse le salon pendant que je reste plantée comme une potiche dans l'entrée.
Il entre dans une pièce que j'identifie comme la cuisine quand il en ressort avec une bouteille et un verre.
Il pose le tout sur la table basse, sans me prêter attention.
Il daigne enfin reposer les yeux sur moi et me fais signe d'approcher avec son index.
Il détaille ma tenue et se lève. Il tourne autour de moi tout doucement, comme un lion autour de sa proie. Sauf que là, la proie est excitée à l'idée de se faire bouffer...
Quand il me fait face, j'ai presque du mal à soutenir son regard.
Ses yeux me parlent. Je sens qu'ils me posent une dernière fois la question de mon consentement.
Je réponds d'un sourire timide et manque de gémir en le voyant mordre sa lèvre.

Il passe sa main derrière ma nuque pour retirer l'épingle qui tient mes cheveux sans cesser de me fixer.
- « Déshabille-toi. »
Je savais qu'il me le demanderait et je pensais sentir la panique m'envahir mais j'avais tort.
Je dois même retenir mes gestes pour ne pas être trop empressée.
Il pousse les vêtements et mes chaussures et recule pour m'observer encore.
Il s'assoit et me désigne le tapis entre la table basse et son fauteuil.
Je m'approche doucement et croise son regard, en attente de la suite.
Du doigt, il pointe le tapis.
- « A genoux. »
J'obtempère mais il corrige plusieurs fois ma position.
- « Non, écarte les genoux. Et pose tes fesses sur tes talons. Voilà. Maintenant, tu mets les mains sur tes cuisses. Non, les paumes vers le haut... Voilà, là c'est bien. »
Un petit picotement de fierté me parcoure l'échine.
- « Est-ce-que tu es excitée Roxane ? »
Je souffle :
- « Oh oui ! »
- « Fais voir. »
Je le regarde, hésitante et pas sûre de réellement comprendre ce qu'il me demande.
Patiemment, il développe :
- « Utilise ton index et ton majeur pour me montrer ton degré d'excitation. »
Je baisse les yeux pour glisser ma main entre mes jambes. Je suis moi-même surprise de la facilité déconcertante avec laquelle mes doigts entrent en moi.
Je lui tends vers lui et il est visiblement ravi de les découvrir luisant de mon envie de lui.

Il se lève et je m'autorise une fraction de seconde à penser que c'est pour me baiser.
Au lieu de quoi il ouvre une porte derrière moi et ordonne :

- « Ici. »

dimanche 14 août 2016

Nouveau Message - Hiver (part 3)

Le corps et la tête encore dans le brouillard, je me traîne jusque sous la douche et n'en ressors qu'une fois que mes yeux arrivent à rester ouverts.
Je me sèche et m'habille en vitesse en enjambant soigneusement les traces de mon orgasme-tsunami d'hier soir.
Je suis devant la cafetière, en train de fantasmer sur l'emploi d'une femme de ménage quand mon cerveau a un déclic.
J'allume mon ordinateur et me connecte à ma boîte mail.
Il y a trois messages de lui, tous envoyés hier soir. Le premier s'intitule “Bonjour Roxane.” C'est naturellement celui que j'ouvre d'abord.
Je relis plusieurs fois chaque ligne, pour être certaine de ne pas tout comprendre de travers.
Je prends même quelques minutes pour aller me verser un café afin d'avoir les idées claires.
Cette fois, on y est vraiment. Il me propose sans équivoque d'essayer, ensemble. Pour voir et savoir.
Bordel, je n'arrive pas à y croire...
Il termine son message en m'invitant à passer la soirée ainsi que la journée du lendemain avec lui.
Il me demande de ne pas répondre immédiatement, d'y réfléchir, de ne faire que ce dont j'ai réellement envie et d'ouvrir le second message une fois que je me serai décidée.
Evidemment que je viens ce soir! C'te blague! Comme s'il y avait la moindre chance que je dise “non”!
Le second message es “sans objet”.
Mon coeur s'emballe en lisant les premières lignes.

Il me raconte son retour chez lui hier soir. Il écrit qu'il bandait tant que ça lui faisait mal, un mal qui durait depuis qu'il m'avait plantée dans mon taxi.
Il me décrit le besoin impérieux de se jeter sous une douche, froide de préférence.
Je l'imagine parfaitement jeter ses fringues sur le sol de la salle de bains, j'entends presque l'eau éclabousser sa peau nue, je sens presque l'odeur de santal mousser sur sa peau.
Il m'explique que mon souvenir n'a jamais permis à la température de baisser et que, pendant que le jet massait sa nuque, il a appuyé la main gauche sur le carrelage du mur.
Légèrement courbé en avant, il a attrapé son sexe de l'autre main.
Il me détaille les allers-retours de ses doigts autour de sa queue.
Sa peau savonneuse qui glissait dans sa paume, son gland gonflé qui palpitait contre son ventre.
Sa main qui s'est resserrée autour de lui pour se rappeller les spasmes de mon corps...
J'ai chaud, je me sens moite, humide.
En fait, j'hésite presque à lui téléphoner pour lui intimer de venir me baiser en urgence.
Je me persuade même que c'est précisément ce qu'il cherchait avec sa petite histoire.
Avant de réaliser qu'il ne serait pas une bonne idée de lui intimer quoi que ce soit si je veux justement avoir une chance qu'il me baise.

Je pousse un soupir de résignation et bascule le bassin en avant, jambes bien écartées et le dos bien calé contre ma chaise.
Ma tête n'a aucun mal à me rejouer la scène que je viens de lire.
Ce n'est pas le bois de la porte dans mon dos, c'est le carrelage de sa douche.
Ce n'est pas ma main gauche qui presse, malaxe et torture mes seins au travers de ma tunique, c'est la sienne.
Ce ne sont pas mes doigts qui contournent ma culotte pour aller et venir à toute vitesse dans mon intimité trempée, c'est sa queue...
Comme il a recréé les spasmes de mon corps autour de lui, j'ondule les doigts en moi pour l'imaginer m'accompagner dans ma jouissance.
En revanche, c'est ma lèvre que je mords presque au sang pour retenir mes cris.
C'est à cause de mes jambes qui flanchent que je glisse sur le sol.
Ce sont mes yeux qui laissent rouler des larmes d'apaisement...
Il me faut plusieurs minutes avant de quitter cet état de flottement.
Je me hisse sur ma chaise pour lire le troisième mail.

Il me dit simplement que, si je décide de venir ce soir, ce sera à condition de respecter quelques consignes qu'il me transmettra quand il aura ma réponse.

J'attrape mon téléphone et lui envoie simplement un “oui”.
Sa réponse fuse.
“D'accord. Première chose: Tu ne te touches plus. J'espère que tu as apprécié ta lecture et savouré le moment car les prochaines mains qui te contenteront seront les miennes.”
Le chaleur qui s'installe aussitôt dans mon bas-ventre me faire dire que la journée va être longue...



vendredi 12 août 2016

Nouveau Message - Hiver (part 2)

Quand on sort enfin du bar, la nuit est si noire et compacte que je n'y vois pas à trois mètres.
- «  A quelle heure est ton prochain bus ? »
- « 7h12, demain matin. »

Je n'ai pas réalisé une seule seconde que nous avions passé tant de temps à l'intérieur.
Il me dit qu'il va m'appeler un taxi et je me surprends à être déçue que ce moment de grâce s'achève.
Ou pour être tout à fait honnête, c'est surtout la perspective de l'après qui me déprime.
Je n'arrive pas à savoir si je comprends réellement ce qui nous arrive. J'ai l'impression de flotter dans un rêve ; j'ai même envie de me pincer pour m'autoriser à y croire.
Aïe !
- «Tu m'as pincé ! »
- « Oui, tu avais l'air d'en avoir besoin. Et en plus, j'aime bien ça ! » Assez pour que tu dises un petit « Aïe ! » délicieux et que ta peau soit bien rose. Sur une fesse, ce sera magnifique !
Ma vanité ne peut s'empêcher de noter qu'il a employé le futur et s'en réjouie bêtement. Je ne me retiens pas de le provoquer un peu.
- « J'ai hâte de voir ça ! »
Il rit franchement mais ne répond pas.

Le taxi arrive et s'arrête juste devant nous. J'avance la main mais il interrompt mon geste et ouvre la portière. Je m'assois et m'attache avant qu'il ne se penche vers moi.
- « Belle nuit à toi, Roxane. »
Ses lèvres effleurent à peine mon front. Son souffle caresse mes cheveux, son baiser est presque une chatouille.
Tout mon corps part en vrille à ce moment-là. Juste quand il claque la portière et que la voiture démarre...

J'arrive chez moi la tête dans les nuages.
Je jette mes chaussures et ma veste dans le salon sans allumer la lumière. Pendant que la baignoire se remplit, je me sers un remontant et j'allume la musique.
Je vide mon verre d'un trait, éparpille mes fringues dans le couloir et m'effondre sous la mousse.

J'essaye de ne pas trop cogiter, j'évite de tirer des plans sur la comète.
Impossible de ne pas repenser à lui, à cette soirée surréaliste et aux futurs que cela permet d'envisager.
Impossible d'occulter ce regard qu'il a posé plusieurs fois sur moi, mélange de ce désir qui m'a tant manqué et de cette lueur nouvelle, à la fois terriblement inquiétante et follement excitante.
Impossible de zapper ses mots en empochant ma culotte.
Impossible de faire patienter mon corps avant de le retrouver...

Mes doigts font réapparaître les siens contre mon cou, descendent le long de ma gorge.
Mon autre main est déjà entre mes jambes.
Il n'y a pas de douceur dans mes gestes. Juste une urgence.
Pendant que je pince mon téton entre deux doigts, j'ouvre plus largement les cuisses.
Je pose une de mes jambes sur le rebord de la baignoire pour pouvoir entrer deux doigts au fond de moi.
Je les ressors, les entre à nouveau, les fais tourner...
Je ne résiste pas longtemps à en ajouter un troisième et je lâche mon sein pour écraser ma main libre sur mon clitoris.
Chacun de mes mouvements déclenche un nouveau spasme au creux de mes reins et une nouvelle inondation du sol.
L'orgasme me fauche, j'ai l'impression de tomber dans les pommes.
Je reste bercée par les vagues de ma jouissance jusqu'à ce que l'eau soit vraiment trop froide avant de me décider à sortir.
J'ai les jambes qui tremblent quand je m'enroule dans mon peignoir et je jette trois serviettes au sol pour camoufler le désastre jusqu'à demain.

Mon ventre gronde mais je n'ai pas la force de cuisiner quelque chose.
Je songe à me faire un thé avant de sombrer sur le divan quand
mon téléphone sonne dans mon sac.

« Tu as un mail mais il est pour demain. Maintenant, dors. »
Je m'affale dans le canapé en me demandant ce qu'il y a dans ce mail mais n'imaginant pas une seule seconde braver la consigne et l'ouvrir ce soir.
Ce simple constat me ravit et je m'endors en souriant comme une béate...

lundi 8 août 2016

Nouveau message - Hiver (part 1)

Je lutte de toutes mes forces pour décoller une paupière et affronter le réveil.

                                                                   03:26

Mais c'est qui l'inconscient qui se dit que faire sonner mon téléphone en plein milieu de la nuit est une bonne idée ?!
J'hésite vaguement à jeter le portable contre le mur et me rendormir mais ma curiosité arrête mon geste et m'oblige à lire le message reçu.

« Je pense toujours à toi, je crois que c'était une erreur et que je peux la réparer. S'il te plaît. »

Là, c'est certain, je suis complètement réveillée. J'en veux pour preuve le gloussement débile qui s'échappe de ma gorge en lisant ces mots et en devinant sans mal leur expéditeur.
Près de trois ans sans avoir la moindre de ses nouvelles et il réapparaît comme ça, du jour au lendemain.
Comme si lors de notre dernière entrevue, ça ne s'était pas terminé par moi lui jetant des livres à la tête et lui me rabaissant plus bas que terre.

Tout de suite, il me vient 1001 réponses à lui balancer. Lui demander s'il a besoin que je lui envoie une ambulance, lui conseiller d'appeler plutôt sa mère quand il n'arrive pas à dormir, lui suggérer l'introduction de divers objets dans son rectum... Mais, comme toujours, je ne peux m'y résoudre.

Morphée ne voulant plus de moi, j'allume la lampe de chevet et attrape un livre qui traîne.
Impossible de me concentrer, les mots dansent devant mes yeux et rien n'empêche mon esprit de penser à lui...
Je me demande à quoi il ressemble aujourd'hui. Ce qu'il espère en agissant ainsi. Ce qu'il attend de moi...
Est-ce-qu'il serait fou de croire qu'il a cheminé vers ça tout ce temps loin de moi ?

J'éteins complètement mon téléphone, j'envoie un mail « Cellule de crise » à Alex et m'oblige à retrouver le sommeil.

Au réveil, je maudis le chauffe-eau encore en panne qui m'oblige à prendre une douche froide.
Dans la cuisine, je maudis la cafetière qui embrasse trop fort l'évier et se fracasse à mes pieds avant que je me serve.
Dans le bus, je maudis l'idée d'habiter si loin de son lieu de travail.
Dans le hall de la société, je maudis celui qui a pris le dernier gobelet à la machine.
Quand j'arrive à la porte de mon bureau, je suis en retard, fatiguée, et énervée.

- « Salut Beauté ! »
Alex est là, le cul posé sur un coin du bureau, deux cafés fumants à côté de lui.
Alex, c'est mon binôme de souffrance. Il est arrivé dans la boîte il y a quatre ans et travaille dans le bureau en face du mien. On s'est tout de suite bien entendu mais ce n'est pas ce qui nous a vraiment rapproché.

C' était en plein mois d'août, les locaux étaient presque déserts.
Il faisait une chaleur terrible et la clim' avait lâchée dans la nuit.
J'avais poussé la porte de son bureau sans faire attention que ce n'était pas le mien et l'avais surpris en train de brancher des câbles sous son bureau. Sa position contorsionnée relevait le bas de son tee-shirt et ne cachait strictement rien des zébrures mauves sur ses reins.
Il avait tranquillement fini avant de se relever et de me dire :
- «  Donc, ça, ce sont des traces de badine. »
- « De badine ? »
- « Oui, tu sais, une fine branche de bois souple. Du noisetier. Ou du rotin. Je ne sais pas, il faudrait poser la question à ma Maîtresse. »
- « Ta maîtresse ?! »

C'est comme ça que j'avais appris son statut de soumis. Et c'est surtout comme ça que j'avais poussé la porte du BDSM. Et c'est évidemment comme ça qu'on était devenu inséparable.
- « Tu ne m'écoutes même pas ! Tu sais que j'ai dû donner de ma personne pour que l'on me laisse les deux derniers cafés ? »
Sa voix me ramène au réel. J'attrape mon gobelet sans répondre et le laisse enchaîner :
- « Tu lui as répondu ? »
- « Ah ça non ! Ca ne risque pas, merci bien ! »
Il me fixe sans rien dire avant d'annoncer son verdict :
- « Je te laisse le weekend. Je suis persuadé que lundi matin, nous serons là, tous les deux et tu me raconteras l'avancée de vos retrouvailles. »
- « Toi non plus, tu ne m'écoutes pas. Je ne lui répondrai pas, ni maintenant, ni ce weekend, ni l'an prochain. Je guéris à peine des horreurs qu'il m'a infligées lors de notre rupture. »
Il sourit avec un petit air suffisant qui me donne envie de lui jeter une gomme dans le front. Je n'ai pas le temps de viser qu'il sort de mon bureau en concluant:
- « Lundi, tu t'occupes des cafés! »

Je passe la journée concentrée sur mon boulot et le temps file à toute allure. 
Ce n'est qu'en ressortant de l'immeuble que je réalise que je n'ai pas rallumé mon téléphone ce matin. Je fouille dans mon sac et tape mon code avant de rejoindre le trottoir. En quelques mètres, les alertes de messages se multiplient et je baisse mon regard sur l 'écran au moment où je pose le pied sur le passage piéton.
A la même seconde, une main d'homme surgit sur le côté et me retient le bras. Le bus qui a failli m'écraser klaxonne et mes cheveux volent à son passage.
Je tourne les yeux pour remercier mon sauveur et j'ai l'impression d'être électrocutée quand mes yeux se posent sur lui.

Je me suis escrimée à ne pas penser à lui depuis ce matin et il est là.
Je le devine très content de lui pour cette entrée digne d'un film.
Il me sourit et me dit de sa voix basse :
- « Bonjour Roxane. »

Merde !
Sans me lâcher du regard, il m'éloigne doucement de la route et continue à me sourire.
Je le dévisage comme si je ne l'avais jamais vu.
Ses cheveux ont un peu poussé, sa barbe est plus longue aussi.
Je croise ses yeux qui me transpercent chaque fois comme la première fois qu'il les a posés sur moi.
Les prémices de rides que son sourire fait apparaître sur sa tempe.
Sa bouche si...
Une chaleur traître s'installe dans le bas de mon ventre en me rappelant la douceur et la chaleur de cette bouche...
Je reprends mon bras d'un coup sec en rétorquant :
- «  Re-bonjour plutôt, tu m'as déjà réveillée cette nuit. »
Sans attendre de réaction de sa part, je file vers mon arrêt de bus. Et il m'emboîte le pas.
- « Tu as raison. Discutons en marchant, j'ai toujours adoré ce quartier ! »
Je ne dis rien et je sens que ça l'irrite.
- «  Tu ne m'as pas répondu cette nuit. »
Il continue sur sa lancée :
- « J'ai vraiment besoin de te parler, il y a des discussions que nous n'avons jamais terminées. »
Là, j'ai envie de pivoter violemment et d'écraser la valise qui me sert de sac à main sur sa belle gueule. Finalement, je me contente d'accélérer le pas et tourne le coin de la rue juste à temps pour voir mon bus s'éloigner de la rue.
- « On dirait que tu as le temps maintenant ! »
Sans que je comprenne comment, il s'empare de ma main et traverse la chaussée en m'entraînant à sa suite.
Je ne peux m'empêcher de refermer mes doigts autour des siens en me traitant mentalement de faible.
Il entre dans un café, marque une pose au comptoir pour commander et me guide jusqu'au fond de la salle.

Il ne dit rien le temps que nos verres arrivent et je ne fais pas l'effort de la conversation.
J'ai le sentiment qu'il est le premier à avoir quelque chose à dire et je reconnais être curieuse de l'entendre.
Les consommations arrivent et il s'accorde une gorgée avant de se lancer.
- « Tu n'es pas une folle doublée d'une pute. »
A une négation près, il vient de me lancer la même phrase qui a clôturer notre histoire.
A cette négation près, il vient de capter toute mon attention et je l'écoute comme dans un rêve.

Je l'écoute me parler de ce jour où tout avait dérapé entre nous, du moment où j'avais exprimé mon envie et mon besoin de me soumettre et qu'il l'avait pris comme une gifle.
Il me parle de mon départ, de son chagrin et de son introspection.
Il me raconte la première fois qu'il a allumé l'ordinateur pour y taper les quatre lettres dans un moteur de recherche.
Il m'explique les sites, les blogs qu'il a visité. Je réalise que nous sommes passés par les mêmes endroits.
Il me dit qu'il a rejoint un forum dédié au sujet où s'est créé une vraie communauté.
Il s'arrête un instant pour me regarder.
- « Est-ce-que tu as sauté le pas de réaliser tes envies Roxane ? »
- « Pas vraiment... »
- « Oui ou non? »
Il parle avec un ton que je ne lui connais pas. Presque sévère. Et si troublant, que je lui réponds dans un souffle. 
- « Non. »
Je ne peux que remarquer son petit sourire en coin. Ma curiosité parle pour moi :
- « Et toi ? »
- « Non. J'ai vu, j'ai appris mais je n'ai pas fait tout ce chemin pour que tu ne sois pas la première grâce à qui je le vis. »
Touchée ! Je le regarde probablement d'un air bête, l'invitant à développer.
- « Maintenant, je sais ce que je veux. Peut-être bien que finalement, ça ressemble à ce que tu veux aussi.
Si on essaye pas, on ne peut pas savoir. Est-ce-que tu as envie d'essayer avec moi ? »
Je réalise que je suis en train de hocher la tête et ses yeux affichent une lueur que je ne leur connais pas.
- « Bien. Enlève ta culotte. »
Je me sens fondre quelque part entre mon ventre et mes cuisses.
- « J'ai très envie que tu me la donnes et je suis sûr que tu as envie de me la donner. »
Fantasmer est une chose. Le passage au réel en est une autre. 
J'essaye de gagner du temps.
- « Ici ?! »
- « Ici. »
Léger arrêt dans sa phrase, je sens ses yeux me sonder, me lire jusqu'au fond de l'âme. Et puis, il ajoute:
- "C'est la dernière fois que tu discutes un ordre."

Immédiatement, j'enlève ma culotte en me tortillant sur la banquette en skaï craquelé, comme si c'était la chose la plus évidente qui soit. 
J'attrape l'élastique à travers le tissu de ma jupe, je la fais descendre le long de ma hanche.
D'abord un côté, puis l'autre. 
Je la fais rouler sous mes fesses en basculant légèrement mon bassin. 
J'écarte les cuisses et tire le tissu jusqu'à mes genoux protégés par la nappe avant de le faire glisser jusqu'à mes chevilles. 

Pas une seule seconde, je ne quitte son regard. 
Y lire son envie comme un reflet de la mienne. Y lire aussi cette foule de questions, de doutes. 
Et aussi le sentiment que personne d'autre que nous n'échangera jamais un tel regard. 

Je ramasse le morceau de dentelle sous la table et il me tend sa main au dessus de nos verres pour que je l'y dépose. 
Le simple contact de sa paume contre le bout de mes doigts me tord le ventre.
Le tissu est humide et chaud; il lui arrache un soupir de satisfaction avant de disparaître dans sa poche. 

Je murmure, presque inaudible:
- "Tu es fier de moi?"
Il me fixe, presque ému:
- "Je suis fier de nous."

mercredi 3 août 2016

Un collier

Le feu de la cheminée chauffe la pièce mais ne m'empêche pas de frissonner; je sais que la chaleur qui m'attend sera bien plus vive...
Je joins mes mains dans mon dos. Menottée volontaire.
Les yeux fixés au sol, je sens déjà mon coeur battre plus fort...
Je ne sais même plus depuis combien de temps je suis là...
Combien de minutes se sont écoulées depuis que j'ai laissé tous mes vêtements devant la porte et que je suis entrée dans cette pièce vide et pourtant si rassurante?
Combien de minutes ont filé depuis que je me suis immobilisée au centre, dans la position exacte qu'Il a exigé de moi?
La porte qui s'ouvre doucement m'arrache à mes pensées.
Imperceptiblement, mon souffle s'accélère, j'écarte un peu plus mes pieds.
Il est là.
Ses pas résonnent d'abord contre la terre cuite du sol. Quand le son se fait plus feutré, je sais qu'Il a posé le pied sur le tapis.
Il est si près de moi.
Je ne Le vois pas, je ne Le touche pas et pourtant, déjà, je Le sens m'enlacer, m'envelopper toute entière en Lui.
Quand il s'approche encore un peu, je vois le bout de Sa chaussure.
Un simple bout de chaussure mais qui me tord le ventre.
Je sais qu'il signifie que j'ai la peau à portée de Ses doigts.
Je sens mes jambes trembler quand Il en approche Sa main.
Du bout du doigt et sans me toucher, Il suit la lisière en dentelle du bas qui coure sur ma cuisse, comme s'Il s'assurait que Ses instructions ont été respectées.
Je me retiens de fermer les yeux pour m'imaginer le contact de son index sur ma peau, j'ai trop peur de tomber tant ma tête risque de tourner.
Je suis là, pantelante de désir à attendre qu'Il me touche quand Son pied disparaît de mon champ de vision.
Sa chaleur me contourne, son souffle brûle ma nuque.
Quand le bruit de la boucle tinte à côté de mon oreille, mon coeur loupe un battement et les larmes me montent aux yeux.
Cette fois, cela arrive vraiment.
Il me fait Sienne.
Je retiens ma respiration pendant qu'Il ferme le collier autour de mon cou.
La fine chaine déjà accrochée à l'anneau contre ma gorge pend le long de ma poitrine.
Il m'attrape par les épaules et m'oblige à me mettre face à Lui.
En cent vies, en mille ans, je ne pourrais jamais trouver les mots pour traduire ce que mon corps ressent en croisant Son regard.
Nos yeux s'accrochent et signent ensemble un pacte silencieux.
Je vais être à Lui, entièrement. Soumise. Sa soumise.
Il va être à moi, entièrement. Mon Maître. Mon tout.
Nous allons écrire une histoire ensemble. Une histoire magnifique. Notre histoire.
Il recule de quelques pas et s'installe dans le canapé pour admirer le résultat.
- "Approche, Chienne."
J'approche si près que je sens presque Son souffle sur mon ventre.
Du doigt, Il tire légèrement sur la laisse et mon corps réagit automatiquement.
Mes genoux se plient et je m'agenouille sur Ses cuisses.

Quand Sa main frappe la première fois, la chaleur qui m'envahit me fait probablement le même effet que le premier shoot d'un drogué après une longue période de manque.
Mes fesses s'enivrent de chaque impact.
Les cuisants, ceux qui claquent avec bruit, dont la chaleur se transforme en brulûre.
Les doux, ces effleurements qu'Il m'offre entre deux coups.
Parfois, Ses ongles me griffent, Ses doigts me pincent, Sa main s'égare pour me découvrir et m'apprendre encore.
Quand je ne peux m'empêcher de m'agiter sous la claque plus forte que les précédentes, je sens mes lèvres trempées glisser l'une contre l'autre.
Je sais qu'Il ne peut pas ignorer l'état dans lequel Il me met.
Je souffle, implorante:
- " Maître..."
- " Pas maintenant."
Il continue de me fesser. Implaccable.
C'est long et, plusieurs fois, je crois que je vais jouir sans parvenir à me retenir...
Je sais qu'Il aime voir ma peau devenir d'un rose de plus en plus soutenu sous Sa paume.
J'en veux pour preuve de Son plaisir, la bosse qui durcit contre ma hanche, Ses doigts qui insistent de plus en plus contre mon clitoris gonflé ou s'insinuent entre mes lèvres dégoulinantes...

Les larmes coulent le long de mes joues, mélange si fort de la douleur, du plaisir immense qu'elle amène avec elle, de l'apaisement de me savoir enfin possédée, à Lui.
Prélude salé de l'orgasme qui me foudroiera quand Il l'aura décidé et qui sera incomparable.
Parce qu'Il est Mon Maître.

Les 1001 bonnes raisons...

... qui font que je viens de créer ce petit coin à moi seraient trop longues à détailler.

Merci d'avance pour vos passages.