samedi 23 mars 2019

Mercredi, c'est ma couleur préférée...


Je sors de la salle de bains, et ramasse au sol ce qu'Il a sorti de l'armoire pour moi.
Une paire de bas. 
C'est tout... Euh... C'est tout?! Il se matérialise devant moi et j'hésite à Le questionner. A peine une seconde. Mais je renonce.
Il relève mes cheveux avec une épingle et ferme mon collier de cuir autour de mon cou. 
" A ta place."
Je m'installe sur mon coussin au sol.
Genoux écartés, mains sur les cuisses. Paumes vers le ciel. Regard baissé.
Nadu. L'attente. 
Cette position sur laquelle s'est construit tout notre Lien.
Cette position que j'avais tout de suite adoptée devant Lui; avant même de découvrir qu'elle avait un nom et toute une histoire.

Trois coups discrets frappés à la porte.
Je me concentre pour rester impassible. Irréprochable.

Il ouvre la porte et deux autres pieds intègrent mon champ de vision.
Des chaussures de ville, simples. D'homme.
J'essaye désespérément de relier cette foutue paire de pompes à quelqu'un que je connais mais une petite voix me siffle déjà que je n'y parviendrai pas.

Ils ne se parlent pas. Je sais que je suis inspectée, détaillée.
Pendant ce temps, en moi, le sentiment prédominant est l'appréhension. La bonne appréhension, toute imbibée de la confiance absolue que j'ai offerte en pack avec ma soumission.
L'attente, les questions qui tournent dans ma tête, c'est toujours ça qui ouvre la vanne de l'envie qui monte. 
Je sais qu'Il savoure particulièrement de me voir m'interroger et qu'Il se délecte de me laisser patauger dans mes supputations...

Je crève d'envie de lever les yeux discrètement même si je sais que je ne suis pas censée le faire, mais c'est plus fort que moi... 
Comme s'Il lisait dans mes pensées, Il fond sur moi et m'aveugle d'un masque.
Le ventre qui se tord un peu, les cuisses qui se pressent l'une contre l'autre sans même m'en rendre compte... 
Posée sur le carrelage devant la cheminée, je Les écoute parler sans avoir le droit d'intervenir. 
Terriblement frustrant mais tellement excitant aussi de me sentir objet à ce point, Les entendre disserter de moi, de mon corps, comme si je n'étais pas là...
Au bout d'un moment, Il m'envoie attendre à quatre pattes dans la chambre pendant qu'Ils terminent leur verre. 
Sa voix est la petite décharge électrique qui me reconnecte au réel et intensifie la chaleur sous ma peau.
L'attente recommence, coule presque déjà de long de mes jambes. 
Des pas feutrés. Sa voix.
- " Mon invité est un novice, nous vivons quelque chose de totalement abstrait pour lui et il est là en découverte. 
Tu es "la vitrine de Ma Domination", une sorte de soumise témoin; et tu sais que J'attends de toi que tu sois une vitrine irréprochable."
J'hoche la tête vigoureusement. 
Son souffle dans mon oreille, le compliment qui enorgueillit :
- "Bonne chienne." 
Test de cravache, inspection de mon corps. 
Et puis le premier ordre tombe:
- "Ouvre ta bouche!"
Je ne reconnais pas Sa peau contre ma langue et Sa main qui se pose dans mon dos me confirme que ce n'est pas Lui que je goûte...
Le cuir continue d'échauffer mes fesses et je ressens une fierté indescriptible à ne pas utiliser mes habituelles jérémiades pour tenter de L' apitoyer (de toutes façons, cela ne fonctionne jamais...)
Quand Ses mains explorent mon entrejambe, la honte m'effleure. 
Honte d'être si facilement prête, disponible et praticable. 
Et plus j'ai honte, plus mon ventre demande à être rempli...
Cercle délicieusement vicieux...
Ensuite la honte s'envole, je ne suis plus qu'un jouet de chair entre Leurs mains, bien obligée de prendre tout le plaisir que l'on m'inflige partout où cela est imaginable.
Les coups de cravaches sont remplacés par Sa ceinture, je décolle doucement. 
La douleur se dilue, la brûlure m'enrobe et mon cerveau explose dans les étoiles. 

Je sens à peine la chaleur liquide de Leur plaisir s'écraser sur mes fesses, couler le long de mes cuisses...
Je reprends conscience une fois que la porte a claqué et qu'Il me rend la vue. 
Il me regarde. Sourire en coin. 
Il me bascule sur le dos et me prend avec une délicatesse que je ne Lui soupçonnais plus. 

"Jouis."
Je me laisse partir et Le sens me rejoindre, se répandre au creux de moi. 
" Ca, je serai toujours le seul à le faire... Parce que tu es à moi."

Toc, toc, toc...

A cette heure de la nuit, il sait déjà que ce ne peut être qu'elle qui fait vibrer son téléphone. 
Par réflexe, il baisse le son de la télé devant laquelle il somnolait encore tout habillé et vérifie sur son écran:
"Je peux?" 
Il sourit. Il aime sa façon de faire au plus court, en partant du principe qu'il sait toujours ce à quoi elle pense. Il vérifie la pendule une fois de plus. Minuit moins cinq. Déjà moins habituel. 
Il hésite. Il ne sait même pas ce qu'elle veut. Il n'est même pas sûr d'avoir envie d'elle.
Mais pour qu'elle demande comme ça, c'est que la situation l'exige. 
Il pianote: "Tu peux."

Il se lève du canapé, pousse du pied les livres qui encombrent le sol et se dirige au ralenti vers la porte. 
Comme toujours, il va ouvrir le verrou pour qu'elle puisse rentrer sans taper...

Elle le trouvera debout face à la baie vitrée, sans un regard pour elle. 
Elle posera ses affaires sur la console de l'entrée, pendant qu'il regardera dans le reflet la façon dont elle le dévore des yeux pendant qu'elle se déshabille. 
Il devra se mordre la joue pour ne pas rire quand il la verra enlever ses chaussures pour faire glisser sa robe, puis la plier et remettre ses chaussures. 
Il n'a jamais compris pourquoi elle ne les gardait pas tout simplement. Mais lui poser la question reviendrait à admettre qu'il l'observe avec attention et ça, ce n'est pas le but.
Ensuite elle viendra se placer dans le salon. Juste à côté de lui. A genoux, devant cette même baie vitrée. 
Sans la regarder toujours, il lui caressera les cheveux, lui demandera s'il lui a manqué, si elle a été sage. 
Il espère qu'elle répondra par l'affirmative, il n'a pas envie de la punir ce soir. 
Ensuite, sans dire un mot, il débouclera sa ceinture, ouvrira le bouton de son jean.
Il l'imagine déjà se mordre la lèvre pour retenir le sourire qui lui viendra en comprenant ce qu'il attend d'elle. 
Elle se passera la langue sur les lèvres en se tournant vers lui et descendra la fermeture éclair entre ses dents en soupirant d'envie. 
Il lui présentera son sexe en la regardant enfin. Il attrapera ses cheveux pour la forcer à croiser son regard. 
Elle ouvrira la bouche et se tiendra immobile pendant qu'il entrera entre ses lèvres avec une lenteur infinie. 
Il sentira d'abord la pointe de sa langue contre son gland, puis il en savourera chaque parcelle sur toute la longueur de son sexe, pour finir par se poser en douceur au fond de sa gorge. 
Il sait qu'à ce moment là, elle resserrera ses lèvres, le caressera de l'intérieur de ses joues, le cajolera de cette langue si parfaite. Lui n'aura qu'à lui imposer son rythme de la main toujours dans ses boucles. 
Depuis le temps qu'il ne l'a pas vu, il n'est pas sûr de tenir longtemps. Il l'autorisera peut-être à se toucher pendant qu'il utilise sa bouche.
Elle glissera ses doigts entre ses cuisses. Il sait qu'il ne pourra pas voir mais il se contentera de lire  dans ses yeux à quel point sa main s'applique. Quand elle sera au bord de jouir, il lui ordonnera de se laisser aller et accentuera ses coups de bassin; il appuiera sa main libre sur la baie vitrée et il jouira aussi, tout au fond de sa gorge. Il resteront comme ça sans bouger le temps qu'il se vide complètement. 
Et puis, il se laissera glisser au sol, s'allongera sur le dos et ouvrira ses bras pour qu'elle puisse s'y plonger. 
Il adore ces moments de calme qui suivent les tempêtes qu'elle fait naître par sa seule présence.

Il arrive dans l'entrée, n'allume que le porche. Au loin, le clocher sonne. 
Il hésite à remettre un tee-shirt puis hausse les épaules et ouvre le verrou. 
Sans attendre il pivote sur lui-même pour regagner le salon éclairé en attendant qu'elle ouvre la porte...

Deux ptites journées ou deux ptites heures...

En ouvrant la porte, il se demande encore ce qu'il fait là. 
Cette chambre, cette fille, tout ça ne lui ressemble pas.. Il sait qu'il peut encore changer d'avis. 
Ne pas ouvrir et retourner au bureau; la laisser attendre et comprendre qu'il ne viendra pas. 
Elle ramassera ses affaires, reprendra son train et sortira de sa vie...

Cette dernière idée achève de le convaincre d'entrer. Il pousse la porte et entre sans bruit. 
Les rideaux ont été tirés, il a besoin de quelques secondes pour habituer ses yeux à l'obscurité. La chambre est une chambre comme il y en a des milliers dans des milliers d'hôtels: un lit, deux chevets, un fauteuil, un bureau, un tapis... 
Ses yeux s'arrêtent. Sur son tapis à lui, il y a une fille.
Cette fille qui le fait fantasmer comme un dingue depuis des mois. 
Elle est là, à quatre pattes, les yeux bandés, pas vraiment habillée. Il se place face à elle, s'accroupit pour être à sa hauteur et lui passe la main dans les cheveux. Puis, il s'approche tout près de sa bouche, la dessine du bout du doigt. Il sent qu'elle retient son souffle alors, il force ses lèvres de son index. 
Le contact chaud de sa langue est électrisant, il se sent à l'étroit dans son jean. Il se redresse sans lui lâcher les cheveux, la forçant à se mettre à genoux. 
De l'autre main, il défait sa ceinture et sort son sexe sans même se déshabiller. 
Elle a à peine entrouvert la bouche qu'il s'y engouffre, l'envahit sans sommation. Il l'empêche de bouger, reste immobile, le ventre collé à son visage. Et puis il se retire doucement, entièrement, la laisse respirer, le gland contre ses lèvres. Avant d'entrer à nouveau...
Il voudrait prendre son temps, savourer chacune de ces secondes qu'ils ont tant imaginées. Mais après avoir attendu si longtemps, il ne peut empêcher son bassin d'accélérer les mouvements malgré lui. Et puis, ça le paralyse. Il reste figé, au fond de sa gorge, jouit à en avoir mal en gémissant son prénom. 

Il quitte sa bouche lentement et l'aide à se relever en la prenant par la main. Ils s'allongent sur le lit sans rien dire, elle met la tête contre son épaule et il lui enlève le bandeau. 
Ils ne se regardent toujours pas. Ils ont tout le temps pour ça...

Du bout des doigts, il dégage les boucles qui lui cachent le cou. Il caresse sa nuque, son dos; il laisse sa main courir le long de la découpe si suggestive de ce qu'elle porte. 
Imperceptiblement, il la sent creuser les reins au passage de sa paume. 

De sa main libre, il cherche son visage et le tourne vers lui. 
Quand il plante ses yeux dans les siens, elle se mord la lèvre et il sent bien que ça lui (re)fait déjà un effet terrible. 
Il a envie de dévorer cette bouche dont aucun son n'est encore sorti. Il y pose la sienne, en douceur et s'étonne de lui trouver un goût sucré. Plus il l'embrasse et plus il la sent y répondre. Ses lèvres s'entr'ouvrent, leurs langues se rencontrent et se caressent. 
Elle presse tout son corps contre lui, en une supplique muette. La peau de sa cuisse donne l'impression de le brûler, même au travers de son jean. 
Sans lâcher sa bouche, il fait glisser sa main sur l'arrondi de ses fesses. 
Au bout de ses doigts, il rencontre son sexe nu et chaud, déjà humide. 
Trempé serait même plus exact. 
Il laisse glisser son majeur et son index plusieurs fois, juste ce qu'il faut pour la frustrer et lui donner envie de réclamer.Ses hanches commencent à remuer, comme si elle voulait sentir cette main partout entre ses cuisses. 
D'un léger mouvement d'épaule, il la fait basculer sur le dos. La seconde d'après, il est au dessus d'elle et doit se faire violence pour ne pas la prendre de suite, la sentir pleine de lui.
Il colle son bassin contre le sien, ondule de façon à ce que leurs sexes se trouvent, se soudent. Contre son gland, il sent son bouton gonfler, durcir; il intensifie ses mouvements et la voir se tordre et gémir de la sorte le rend complètement dingue. 
Au moment où elle ouvre la bouche pour parler, il la coupe :
- " Tu peux. "

C'est instantané. Son corps se tend, son souffle est saccadé, il ne peut que lire dans ses yeux à quel point elle est en train de partir. Il s'écrase de tout son poids sur elle pendant qu'elle l'enserre de ses cuisses; la laisse palpiter contre son ventre en reprenant sa respiration...

Il pourrait la laisser revenir à elle, se contenter de la regarder reprendre conscience.
Mais ça le brûle tant il en a envie, comme une douleur qui prendrait tout le corps.
Et elle est exactement ce qui lui faut pour se soigner.

D'un seul mouvement de reins, il n'est plus contre elle. Il est en elle. 
Son soupir de soulagement se mêle au gémissement qu'elle lâche. 
Leurs hanches sont soudées, il bute dans son ventre, prend toute la place...

Quand il se retire avec une lenteur infinie, c'est elle qui revient le chercher, qui écrase de nouveau son bassin contre lui. 
Le message est clair, il ne se le fait pas dire deux fois. 

Le matelas se creuse sous la violence de leur échange; jamais il n'aurait cru que cette fille réveillerait une telle sauvagerie en lui. 
Dans la pièce, leurs souffles, leurs cris, leurs odeurs, leurs plaisirs... Tout se mélange et lui fait tourner la tête.
Le nez dans son cou, il ne sait plus où il est ni comment il s'appelle. Juste que cette fille au bout de sa queue le rend fou. 
Quand il accélère encore ses va-et-vients, il sent qu'elle lui plante ses ongles dans le dos.
Il retient un juron entre ses dents et s'immobilise au fond d'elle. Il a l'impression d'être foudroyé, aveuglé. 
Il la sent se contracter, l'enserrer, jouir à son tour de le sentir se mélanger à elle par spasmes...

Ils restent longtemps comme ça, mêlés, sans bouger. 
Et puis il se relève et s'éloigne du lit. 
Elle doit se demander s'il va partir, comme ça, sans un mot. Si le moment de grâce arrive déjà à son terme...