mercredi 3 août 2016

Un collier

Le feu de la cheminée chauffe la pièce mais ne m'empêche pas de frissonner; je sais que la chaleur qui m'attend sera bien plus vive...
Je joins mes mains dans mon dos. Menottée volontaire.
Les yeux fixés au sol, je sens déjà mon coeur battre plus fort...
Je ne sais même plus depuis combien de temps je suis là...
Combien de minutes se sont écoulées depuis que j'ai laissé tous mes vêtements devant la porte et que je suis entrée dans cette pièce vide et pourtant si rassurante?
Combien de minutes ont filé depuis que je me suis immobilisée au centre, dans la position exacte qu'Il a exigé de moi?
La porte qui s'ouvre doucement m'arrache à mes pensées.
Imperceptiblement, mon souffle s'accélère, j'écarte un peu plus mes pieds.
Il est là.
Ses pas résonnent d'abord contre la terre cuite du sol. Quand le son se fait plus feutré, je sais qu'Il a posé le pied sur le tapis.
Il est si près de moi.
Je ne Le vois pas, je ne Le touche pas et pourtant, déjà, je Le sens m'enlacer, m'envelopper toute entière en Lui.
Quand il s'approche encore un peu, je vois le bout de Sa chaussure.
Un simple bout de chaussure mais qui me tord le ventre.
Je sais qu'il signifie que j'ai la peau à portée de Ses doigts.
Je sens mes jambes trembler quand Il en approche Sa main.
Du bout du doigt et sans me toucher, Il suit la lisière en dentelle du bas qui coure sur ma cuisse, comme s'Il s'assurait que Ses instructions ont été respectées.
Je me retiens de fermer les yeux pour m'imaginer le contact de son index sur ma peau, j'ai trop peur de tomber tant ma tête risque de tourner.
Je suis là, pantelante de désir à attendre qu'Il me touche quand Son pied disparaît de mon champ de vision.
Sa chaleur me contourne, son souffle brûle ma nuque.
Quand le bruit de la boucle tinte à côté de mon oreille, mon coeur loupe un battement et les larmes me montent aux yeux.
Cette fois, cela arrive vraiment.
Il me fait Sienne.
Je retiens ma respiration pendant qu'Il ferme le collier autour de mon cou.
La fine chaine déjà accrochée à l'anneau contre ma gorge pend le long de ma poitrine.
Il m'attrape par les épaules et m'oblige à me mettre face à Lui.
En cent vies, en mille ans, je ne pourrais jamais trouver les mots pour traduire ce que mon corps ressent en croisant Son regard.
Nos yeux s'accrochent et signent ensemble un pacte silencieux.
Je vais être à Lui, entièrement. Soumise. Sa soumise.
Il va être à moi, entièrement. Mon Maître. Mon tout.
Nous allons écrire une histoire ensemble. Une histoire magnifique. Notre histoire.
Il recule de quelques pas et s'installe dans le canapé pour admirer le résultat.
- "Approche, Chienne."
J'approche si près que je sens presque Son souffle sur mon ventre.
Du doigt, Il tire légèrement sur la laisse et mon corps réagit automatiquement.
Mes genoux se plient et je m'agenouille sur Ses cuisses.

Quand Sa main frappe la première fois, la chaleur qui m'envahit me fait probablement le même effet que le premier shoot d'un drogué après une longue période de manque.
Mes fesses s'enivrent de chaque impact.
Les cuisants, ceux qui claquent avec bruit, dont la chaleur se transforme en brulûre.
Les doux, ces effleurements qu'Il m'offre entre deux coups.
Parfois, Ses ongles me griffent, Ses doigts me pincent, Sa main s'égare pour me découvrir et m'apprendre encore.
Quand je ne peux m'empêcher de m'agiter sous la claque plus forte que les précédentes, je sens mes lèvres trempées glisser l'une contre l'autre.
Je sais qu'Il ne peut pas ignorer l'état dans lequel Il me met.
Je souffle, implorante:
- " Maître..."
- " Pas maintenant."
Il continue de me fesser. Implaccable.
C'est long et, plusieurs fois, je crois que je vais jouir sans parvenir à me retenir...
Je sais qu'Il aime voir ma peau devenir d'un rose de plus en plus soutenu sous Sa paume.
J'en veux pour preuve de Son plaisir, la bosse qui durcit contre ma hanche, Ses doigts qui insistent de plus en plus contre mon clitoris gonflé ou s'insinuent entre mes lèvres dégoulinantes...

Les larmes coulent le long de mes joues, mélange si fort de la douleur, du plaisir immense qu'elle amène avec elle, de l'apaisement de me savoir enfin possédée, à Lui.
Prélude salé de l'orgasme qui me foudroiera quand Il l'aura décidé et qui sera incomparable.
Parce qu'Il est Mon Maître.

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