mardi 30 avril 2019

Ce n'est rien...

Elle me regarde comme à la dérobée, sous sa frange. 
Elle est jolie, serrée dans sa petite robe rouge. 
Je suis sûr qu'elle l'a achetée exprès pour venir ce soir rencontrer en vrai le grand méchant loup. 
Je la fixe sans ciller, juste pour le plaisir de la sentir légèrement mal à l'aise. 

Je ne vais pas la plaindre, c'est elle qui est venue me trouver en ligne. Elle m'a écrit des mails longs comme le bras, pendant des semaines. J'ai avancé une à une toutes les raisons pour lesquelles je ne lui offrirai jamais rien de plus que ce soir et ça ne l'a pas découragée. Elle m'a laissé imposer toutes mes conditions et a paru satisfaite, voir même emballée par mon projet. 

Elle parle de trucs qui ne m'intéressent pas une seule seconde. Je suis trop occupé à réfléchir dans quel angle je vais l'installer sur mon lit. 
Elle tend la main pour se resservir du vin mais j'interromps son geste. 
-"Je préférerais que tu sois en pleine possession des tes facultés."
Elle renonce en se mordant la lèvre. Je devine ses cuisses qu'elle frotte l'une contre l'autre sous la table en croyant masquer son trouble. Je reste impassible... Sûrement parce que ça ne me fait pas grand effet... 

En plein milieu de ses babillements, je pose un billet sur la table et me lève. Elle me suit du regard interloquée quelques secondes avant de comprendre que je pars et elle s'active pour me suivre. 
L'air froid est piquant une fois dans la rue. je marche d'un bon pas et elle doit trottiner pour se maintenir à ma hauteur. 
En quelques rues, on se retrouve sur mon paillasson. J'introduis la clef dans la serrure et lui demande une dernière fois si elle a conscience qu'elle peut vivre des choses auxquelles elle ne s'attend même pas. 
Elle hoche la tête l'air grave et nous entrons. 

Elle se balance sur ses pieds au milieu de la pièce, enfin silencieuse. 
Du coin de l'oeil, elle observe tous les accessoires bien alignés sur le canapé. 
Je lui demande de me montrer celui qui lui fait le plus envie et celui qui l'effraie. 
Elle me désigne la cravache en premier. Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Les fantasmes de novices sont toujours les mêmes. 
Avec appréhension, elle me montre du doigt le large paddle en bois épais. Elle a raison, c'est probablement bien plus douloureux que la cravache. 
Et il y a de fortes chances qu'elle ne soit pas maso donc je conçois que ça ne l'inspire pas. Et ça n'a pas grande importance pour moi. Même si je suis sadique, ce n'est pas pour le plaisir de la faire souffrir physiquement que je l'ai faite venir aujourd'hui. 
Je la positionne les mains sur le dossier d'une chaise. Elle s'y cramponne et j'insiste en lui disant de ne jamais lâcher. 
J'attrape la cravache dont je me sers finalement si peu. Je me place derrière elle et du bout de la languette de cuir, je relève sa robe. 
- "Je ne vais pas te toucher. Pas comme tu en as l'habitude en tout cas. Je vais te faire mal. Un peu. Parce que je sais que tu n'es pas maso. De plus, tu n'es pas ma soumise donc je ne vais pas décider moi-même de tes limites."
Elle prend une inspiration mais je la coupe. 
- "Tu n'es pas ma soumise mais cela ne doit pas t'empêcher de suivre certaines règles. Tu ne parles pas si je ne t'y invite pas. Si tu as besoin de prendre la parole pour répondre à mes questions, tu lèves la main. Droite pour oui, gauche pour non. Compris? "
Ses doigts relâchent brièvement le bois de la chaise et je me penche pour souffler dans son oreille:
- "Bien."
Je frôle sa fesse nue du bout de la cravache. 
- "Et après... Nous aviserons."

Le premier coup tombe. 
Léger, un petit claquement souple. Son souffle s'accélère, elle attend le suivant. Un peu plus sec, sa peau ne rosit même pas et elle n'a pas broncher. 
La chaleur du plaisir se diffuse dans mon bras, me picote le bout des doigts. 
Au troisième coup, elle tressaille un peu et je prends la petite décharge familière dans la colonne. 
Sa peau commence à se colorer mais elle ne dit toujours rien. 
Je demande:
- "Encore?"
Elle lève une main droite hésitante. Je n'aime pas ça. Je remets un petit coup sur le haut de sa cuisse.
- "Oui ou non?"
Elle lève la main au dessus de sa tête. 
- "Bien."
Je m'applique un moment. Je perds facilement la notion du temps dans ces instants...
Le plaisir de voir sa peau se creuser sous l'impact du cuir, son souffle qui flirte de plus en plus avec les gémissements de plaisir, son corps qui ondule légèrement sous mes gestes. 
Et puis aussi l'anticipation, l'adrénaline de ce qui attend de l'autre côté de la cloison. 

Quand je décide que mon oeuvre est achevée, je recule d'un pas pour admirer le résultat. Ses fesses sont bien rougies et je sens déjà l'odeur de son envie poisser par tous ses pores. 
- "Est-ce-que tu as envie d'autre chose? Tu peux parler."
- "De vous..."

Elle n'a pas bougé en me sentant la contourner pour venir me placer devant elle. 
Elle relève à peine les yeux mais s'arrête bien avant de croiser mon regard. Elle fixe une autre partie de mon anatomie et ça me convient, c'est précisément le morceau que j'allais lui proposer. 
Je lui décroche les mains de la chaise pour signifier mon accord.

Je l'attrape par les cheveux et la force à croiser mon regard. Elle reste immobile pendant que je glisse avec une lenteur infinie entre ses lèvres.
Je sens d'abord la pointe de sa langue contre mon gland. Je savoure la douceur et la chaleur de chaque recoin de sa bouche. 
Elle serre ses lèvres autour de moi et entame de lents va-et-vients. La main sur son chignon, j'impose mon rythme et je sais déjà que ça ne va pas durer. 
Je me retire et lui demande si elle est excitée. Elle hoche la tête avec vigueur et je lui demande de me montrer à quel point. 
Elle glisse ses doigts entre ses jambes et me tend deux doigts luisants. 
On y est, c'est le moment. Je l'attrape par les épaules pour la redresser et l'entraîne à ma suite vers la chambre. 

La porte ouverte sur la pénombre la fait hésiter, je la pousse légèrement pour qu'elle s'installe sur mon lit. 
Docile, elle se positionne à quatre pattes, le cul tendu dans ma direction pendant que j'enfile un préservatif. 
Un bruit étouffé semble monter du pied du lit et elle se tend en me regardant. 
Imperturbable, je pose ma queue contre l'entrée de son sexe et pousse d'un coup pour m'y enfoncer tout entier en répondant à sa question muette. 
- "C'est rien... Juste mon esclave. "